Au Japon, 10% des ventes de musique passent par le mobile

Publié le par Sylvain Morazzani

cheter une chanson avec son téléphone portable, c'est possible depuis près de trois ans au Japon. Le Chaku-Uta-Full, le service de ventes de musique sur mobile de l'opérateur AU (KDDI), pionnier dans ce domaine, a enregistré son dix millionième téléchargement en juin.

 

L'aventure a commencé avec le service Chaku-Melo, qui proposait des téléchargements de sonneries, des extraits de morceaux retravaillés électroniquement. Mais c'est avec l'arrivée du haut débit mobile, permis par les réseaux de nouvelle génération (3G), que le marché a pris de l'ampleur, en 2002. Devançant ses concurrents NTT DoCoMo et J-Phone (Vodafone), AU a choisi de promouvoir la musique, avec le portail Chaku-Uta, proposant pour sonneries des extraits de chansons originales, avec une qualité de son hi-fi, pour environ 100 yens (0,73 euro).

Ce service a d'emblée bénéficié du soutien des maisons de disques. En raison des règles sur les droits d'auteur, qui n'ont plus cours dès que la partition est retravaillée ou que la voix de l'interprète n'est pas utilisée, ces majors ne tiraient aucun profit de la vente des morceaux par le Chaku-Melo. Avec l'avènement du Chaku-Uta, elles ont pu faire valoir leurs droits et profiter de la manne générée par le succès du service.

"Les cinq plus grosses maisons de disques du pays se sont associées pour créer Label Mobile, explique Pierre Mustière, du cabinet de consultants Jitex. Cette entité fournit des contenus téléchargeables par le Chaku-Uta. Comme les majors possèdent presque l'intégralité des droits sur la pop japonaise, la plus vendue, Label Mobile occupe une situation dominante."

A ce jour, près de 200 millions d'achats ont été effectués par l'intermédiaire du Chaku-Uta. L'essentiel du trafic s'est fait sur les sites gérés par Label Mobile, qui table sur un chiffre d'affaires à 22 milliards de yens (160 millions d'euros) en 2005. Sur chaque transaction, environ 90 % du montant vont au fournisseur de contenu, les 10 % restants à l'opérateur.

 

10 MILLIONS DE MORCEAUX VENDUS

 

Grâce au succès du Chaku-Uta, AU est parvenu à séduire davantage de nouveaux abonnés que le numéro un japonais, NTT DoCoMo. En novembre 2004, il a poussé plus loin avec le Chaku-Uta-Full : les clients ont eu la possibilité de télécharger des chansons dans leur intégralité. Cette nouvelle étape s'est accompagnée du lancement de nouveaux modèles de portables, conçus spécialement par Sanyo, par Casio et par Toshiba. Le prix des chansons, entre 200 et 400 yens (entre 1,5 et 3 euros) l'unité, ne semble pas dissuader les consommateurs puisque, comme l'a constaté M. Mustière, "en juin, 2 millions de nouveaux téléphones et 10 millions de morceaux avaient été vendus".

Avec cette nouvelle gamme de services, AU affirme sa volonté de faire du téléphone portable un concurrent direct des baladeurs numériques de type iPod (Apple). Au moment du lancement de Chaku-Uta-Full, le président de KDDI, Tadashi Onodera, affirmait : "Ce nouveau service ne sera pas inférieur à l'iPod en termes de qualité de son et de facilité d'utilisation."

Aujourd'hui, ce qui empêche réellement la concurrence entre les mobiles et le baladeur d'Apple est la capacité de stockage. Les téléphones, même équipés d'une carte mémoire, ne peuvent conserver plus de quelques dizaines de titres. "Cela ne devrait pas durer, précise M. Mustière. Samsung a déjà présenté des mémoires pour mobile d'une capacité de 240 chansons."

De quoi assurer l'avenir du commerce de musique sur téléphone portable, qui représente déjà au Japon plus de 10 % du marché total de la musique.

Philippe Mesmer
Le Monde
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article